Accéder au contenu principal

INTERVIEW : GILLES DOR




C'est avec une immense joie que je vous présente aujourd'hui Gilles Dor
Star dans les années 80, il revient sur le devant de la scène grâce aux réseaux sociaux et à Youtube. 
Ce dernier s'est livré à nous et a accepté de répondre à quelques questions...

_______________________________________________



WAS : Bonjour Gilles Dor, comment allez-vous ? Prêt à répondre à quelques questions ?
Gilles Dor : Oui allez-y je vous en prie !


WAS : Vous faites de la musique depuis plusieurs années maintenant, pouvez-vous me raconter un peu votre parcours musical ?
Gilles DorJe suis né dans une famille qui adore la chanson française, de Brel à Aznavour, en passant par Claude Nougaro, Jean ferrat, Léo Ferré, et surtout Charles Trenet. Donc j'ai toujours baigné dans un univers musical avec des mélodies et des textes. J'ai toujours chanté aussi dans les repas de famille où on me demandait d'interpréter les derniers tubes du moment, dès l'âge où je commençais à parler, je crois que j'ai chanté avant de parler. Et toute ma famille s'accordait à dire que j'avais une jolie voix. 
Vers l'âge de 14 ans, le rock n' roll déferlait sur la France et je passais immédiatement de Jean ferrat au Rolling Stones. Ce qui fut un choc pour mes parents et mon frère et ma sœur, qui furent très tolérant au point même de m'acheter ma première guitare à 15 ans. J'ai appris à jouer de la guitare en répétant en boucle "satisfaction" et ses trois accords. Après un bac de mathématiques très sérieux, mes parents acceptèrent que je parte faire des études d'arts plastiques, ayant eu 20 au bac dans cette matière. 
Je pars donc à Paris avec comme bagage ma guitare et mes pinceaux. Je fréquente beaucoup plus les clubs de jazz que la faculté d'arts plastiques. Et je fais des bœufs avec les musiciens dans ces clubs. Les applaudissements immédiats me font préférer la musique à la peinture . Je commence à écrire des chansons avec des textes très libres me passant souvent des rimes. Mes textes sont plus de la prose que des poèmes qui respectent le nombre de pieds par vers. Je chante dans les cabarets parisiens et suis repéré par un producteur qui me fait enregistrer mon premier album. Succès d'estime qui me fait passer à la radio et sur quelques télévisions nationales. Je suis parrainé par Claude Nougaro et Pierre Richard qui m'écrivent des supers textes de présentation pour les médias. Je fais des tournées en France en Belgique en Suisse et même en Union soviétique à l'époque. Puis un deuxième album chez Polydor qui lui a un succès populaire. Etc...


WAS : Vous êtes également passé à la télévision plusieurs fois, pouvez-vous me raconter votre expérience à la télévision ?
Gilles DorMes chansons commencent à passer en radio, et des producteurs d'émissions de télévision nationale me demandent, comme Mariti et Gilbert Carpentier, Jean-Pierre Foucault, Patrick Sabatier, etc... Je fais pratiquement toutes les émissions de variétés de la télévision. À l'époque je ne subis aucune censure, et je passe également à l'Olympia, et je fais plusieurs salles parisiennes avec succès.



WAS : Concernant votre musique, comment se passe le processus de création d'un morceau et d'un clip ? Écriture des paroles, création de la mélodie, du rythme, mise en image...
Gilles DorPour composer et écrire mes chansons, je procède par improvisation. C'est-à-dire que je me mets devant un micro avec ma guitare dans mon studio qui se trouve chez moi et j'improvise en enregistrant tout. Je garde les meilleurs moments des improvisations et j'y mets des textes dessus. 
Toute la journée, que ce soit dans les bars ou au supermarché, je note tout ce qui me passe par la tête ou tout ce que je vois, et je pioche là-dedans pour écrire mes textes. En mettant tout ça en forme lorsque j'ai une chanson qui me plaît, je l'enregistre dans mon studio en créant moi-même l'orchestration. 
Ou aussi quelques fois, une phrase me vient et déclenche l'écriture d'un texte autour du thème qu'évoque cette phrase. Comme ma dernière chanson "glace d'été".

Je suis mon propre producteur de mes chansons. Je les publie sur toutes les plateformes de téléchargement légal en ayant auparavant fait pour chaque chanson un clip. Je réalise moi-même le clip avec quelques amis et je fais le montage moi-même. C'est comme pour créer une chanson, il faut trouver une idée originale et l'interpréter devant la caméra. J'aime bien lier l'humour et un message ayant trait soit à l'antiracisme, soit à la politique, à l'argent roi, à l'écologie ou tout simplement à l'amour, au rapport homme-femme. Je traite de ma vie , de mes drames,  de mes bonheurs , de mes fantasmes, où je fais simplement vibrer mon imagination.


WAS : Certaines de vos chansons dénoncent ou défendent certaines idées/pensées, est-ce que la musique est pour vous un moyen de faire réagir ?
Gilles Dor : Pour moi, la chanson est un mode d'expression comme la littérature, la peinture ou le cinéma. On peut y mettre ses pensées, son imagination, ses colères, ses passions...J'essaie de faire passer des thèmes graves avec de la dérision de l'humour, du rire... Je crois que c'est ça qui a le plus d'impact sur les gens et ce qui est le plus efficace pour toucher au but. Ma chanson "blanc sans le N ça fait black" comme quoi sans haine on est tous les mêmes, en est un exemple significatif, j'appelle ça l'humour engagé en chanson.





WAS : Aujourd'hui avec internet et les réseaux sociaux, les moyens de communication sont plus abordables et facilitent la diffusion de la musique, comment vous êtes-vous adapté avec ce changement ? Je vois que vous utilisez beaucoup les réseaux sociaux pour communiquer.
Gilles Dor : Je n'utilise aucune drogue mais je crois que je suis accro à Internet et aux réseaux sociaux pour la raison qu'étant censuré par les médias, je trouve dans internet un moyen de liberté pour m'exprimer. Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, nous pouvons nous passer des multinationales du disque et ça tombe bien car eux aussi se passaient de nous. Le CD physique disparaît. 

Donc je me suis adapté au désir d'une nouvelle génération, qui écoute les fichiers et regarde les clips. J'ai grâce a internet un nouveau public, de 12 ans à 35 ans, qui n'était évidemment pas né lorsque j'ai commencé à chanter en 1980. C'est très touchant de voir des gamins m'envoyer des messages d'admiration, en me disant surtout "Gilles ne lâchez rien continuez, grâce à vous je retrouve le sourire, vous m'aider à vivre". Vous pouvez voir tous ces messages sur ma chaîne Youtube, c'est très émouvant pour moi. C'est une sorte de pied de nez joyeux aux grandes maisons de disque qui après mes 7 albums m'ont jeté, et m'ont fait galérer pendant quelques années, malgré tous les prix et récompenses que j'ai reçu pour mon travail musical. Et ce jeune public redécouvre mes chansons, certaines datant de 40 ans, comme « un jour viendra couleur vodka orange » et s'enthousiasme pour les nouvelles chansons comme "glace d'été", qui a un énorme succès sur le net.



WAS : Pleins de personnes vous suivent et partagent vos morceaux avec l'application Tik Tok, comment avez-vous réagit la première fois que vous avez vu quelqu'un "s'approprier" votre musique ?
Gilles DorC'est un de ces jeunes de mon nouveau public qui m'a dit qu'il existait un réseau très en vogue actuellement, Tik Tok. À l'affût de tout ce qui est nouveau, je me suis précipité sur ce réseau. Et tout de suite j'ai posté des vidéos de 50 secondes qui ont eu un succès immédiat notamment la chanson "on est bien dans son maillot de bain, on est cool dans sa swimming pool", qui a fait danser et rire beaucoup de tik-tokeur. D'ailleurs, des centaines d'entre eux ont repris ma chanson en faisant des parodies où des playback. Évidemment je suis très heureux quand le public s'approprie ma chanson, c'est le plus beau compliment qu'on puisse me faire. C'est très touchant, marrant de voir l'affection que porte des gamins de 14... 15 ans, à un vieux chanteur comme moi. Enfin pas si vieux que ça, surtout dans la tête, je garde la folie de mon adolescence.




WAS : Quel est votre meilleur souvenir musical ? Et le pire ?
Gilles DorUn des meilleurs souvenirs, c'est mon concert à Angers, mon retour sur scène, après 25 ans de silence. J'ai même composé sur le trajet me conduisant à Angers une chanson que j'ai interprété le soir même et qui a eu un succès énorme, que vous pouvez écouter sur ma chaîne youtube « les filles d'Angers ». J'y suis encore retourné depuis, il y avait encore plus de monde et les organisateurs me demandent encore d'y retourner pour octobre-novembre. Tous les jeunes connaissaient mes chansons par cœur et chantaient avec moi, quelques fois plus fort que moi. 

Mon pire souvenir c'est en 1984, je chantais au Théâtre Déjazet, c'était la première, et à la première chanson, poussé par mon enthousiasme, je me suis trop avancé sur la scène et mon pied est parti dans le vide et je suis tombé dans la fosse d'orchestre 2 mètres plus bas. La soirée était enregistrée par France Inter, et en réécoutant la bande, on entend les musiciens s'arrêter l'un après l'autre et le public crier un grand "Oooooh". Évidemment ambulance, hôpital, fracture de la mâchoire, je suis revenu chanter au Théâtre Déjazet 4 mois après, il avait mis une bande blanche pour délimiter l'extrémité le la scène.





WAS : Malgré la situation actuelle, avez-vous des concerts de prévus ? J'ai vu que votre concert à Paris a été annulé malheureusement...
Gilles DorOui j'avais plein de concert qui ont tous été annulé à cause de ce putain de virus. Surtout mon concert parisien auquel je tenais énormément car je n'ai pas chanté à Paris depuis 30 ans. 
Il faut dire pour être honnête, que j'ai eu un drame familial qui m'a fait quitter ce métier pendant 10 ans. Le décès de l'amour de ma vie, la maman de mes 2 petites filles, a été un bouleversement dévastateur dans ma vie. J'ai eu beaucoup de mal à me remettre en élevant comme j'ai pu mes 2 petites filles qui avait 8 et 6 ans à l'époque. Puis je suis revenu à la musique et me voici à nouveau combattant avec une envie incroyable de chanter pour ces mômes , ces nouveaux "fans", comme ils s'appellent eux-mêmes et qui me donnent tellement d'amour et de force.


WAS : Rien d'autre à ajouter ?
Gilles DorPour terminer je voudrais encore remercier tous mes fans qui m'encouragent me félicitent me remercient me donnent la pêche pour continuer à écrire des chansons. Si j'ai encore autant de jeunesse à chanter c'est bien grâce à eux. J'espère donner un peu de bonne humeur, de matière à réfléchir, dans ce monde pénible à survivre. L'humour et le rire sont mes seules armes. 

Merci aussi à vous qui m  interviewez et dites bien aux gens qui m'aiment que je les aime et que c'est pour eux que je fais tout ça avec bonheur et plaisir.


WAS : Merci à vous, ce fût un plaisir. Continuez à répandre la bonne humeur à travers vos musiques.


NOUVEL ALBUM « On est bien dans son maillot d’bain » dispo sur TOUTES les plateformes de téléchargement légal:

Commentaires

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Interview : LA MUSIQUE DANS LA PEAU

  LA MUSIQUE DANS LA PEAU est un podcast qui a vu le jour en décembre 2019. Michaël, Guillaume et Aslak, 3 passionnés de musique, ont décidé de se réunir avec un invité pour débattre et échanger autour de la musique. L'invité choisit 3 albums qui ont marqué sa vie et vient en parler.  Jérôme Niel, Mehdi Maizi, Adrien Ménielle, Myd, Mister V ou encore Pénélope Bagieu se sont prêtés au jeu de cette émission. Ils sont aujourd'hui à leur 12e podcast et on espère que ça va continuer encore longtemps !  _______________________________________________________ WAS : Bonjour bonjour, comment ça va ?  LMDLP :  Ça va très bien et toi ? Tu es officiellement la première personne à nous interviewer. Merci de ton intérêt pour notre podcast. WAS : Extrêmement ravie de l'apprendre !!  On va commencer par une question classique :  Michaël, Guillaume et Aslak, comment vous êtes-vous rencontrés tous les 3 ? LMDLP :  On a tous trainé dans la scène punk hardcore dans les années 2000. Chacun d

INTERVIEW : MC FRED KILLAH

MC FRED KILLAH, MC et plus particulièrement Beatmaker aux productions hip hop old school a accepté de répondre à quelques questions...