Il y a un mois environs, un évènement facebook s'est créer : Réalise un artwork pour We Are Someone.
Ce mois-ci, c'est l'artwork de Gregory Wagenheim qui a été choisi.
Il a accepté de répondre à quelques questions.
Gregory Wagenheim : Je m’appelle Gregory Wagenheim, je suis artiste plasticien, graphiste et aussi un peu musicien.
WAS : Pourquoi as-tu décidé de faire un artwork pour We Are Someone ?
G. W. : Je me suis dis «Pourquoi pas ?». C’est un exercice amusant, avec peu de contraintes... GO !
WAS : Racontes moi ta première rencontre avec l’art.
G. W. : Je sortais de l’école, je devais avoir 7 ans. Il était là : l’Art, assis sur un banc, il m’a interpellé, je me suis approché, il m’a donné un assortiment de petits feux d’artifice, un feutre très très fin et des maracas, puis il m’a dit : «Tiens, démerde-toi avec ça.» Il s’est levé et a disparu dans un bus. Je le croise parfois encore, à des vernissages, mais c’est vraiment rare.
WAS : Comment t’es-tu retrouvé dans ce que tu fais maintenant ? (C'est à dire graphiste)
G. W. : Petit, je n’ai pas été formé aux arts visuels mais à la musique. 10 ans de conservatoire qui m’ont bien gonflé. Ma grande soeur était en fac d’arts plastiques quand je devais décider quoi faire au lycée. Je m’intéressais pas mal à ce qu’elle faisait et parfois je lui trouvais des idées pas trop connes quand elle ne savait pas comment répondre à un sujet. J’ai donc tenté à mon tour l’option arts plastiques au lycée, où je me suis constitué une culture graphique et aiguisé mon oeil, puis les Beaux-Arts a.k.a. le paradis sur Terre, où j’ai fondé un collectif de «dessin décadent» appelé Kung-Fu, avec pas mal d’auto-publications distribuées dans des salons ou des librairies indépendantes, et un collectif plus orienté «installation» qui s’appelait Mucus, avec quelques expositions à la clé. Et, comme beaucoup d’anciens étudiants des Beaux-Arts, j’ai ensuite pas mal glandé parce que tout me paraissait compliqué à mettre en oeuvre, une fois le soutien logistique et moral de l’école absent.
N’étant pas vraiment un virtuose du pinceau ou du crayon, c’est donc davantage par ordinateur que j’ai essayé de développer mes talents. Je suis aussi intéressé par la typographie et «l’objet imprimé», donc j’ai plus d’opportunités niveau graphisme que niveau art où il est toujours beaucoup plus compliqué de réaliser ses projets, ne serait-ce que pour des raisons évidentes de coûts.
WAS : Comment définirais-tu ton style ?
G. W. : Je ne sais pas... du Wagenheim ? C’est un peu prétentieux mais forcément c’est ce que je vise. Disons que j’aime les choses simples et efficaces, sans fioritures, j’ai une vision presque poétique de la géométrie, je ne renie en rien la culture de masse, je pense que la plus grande invention humaine est le papier et je refuse de me servir de l’onglet «Filtre» dans Photoshop.
Acapella by Espion
Cold heat by Espion
WAS : Et si non, "un peu musicien" ?
G. W. : Oui j’ai commencé le clavecin à 7 ans, sous l’impulsion de mon père (je doute qu’où que ce soit dans le monde, un enfant de sept ans choisisse de son propre chef de commencer cet instrument) et j’ai donc étudié au conservatoire où j’étais un véritable cancre. Comme tout le monde j’ai tenté de faire un groupe de rock à 15 ans, qui est rapidement devenu un groupe d’electro expérimentale et nonchalante... notre formation c’était boite à rythme/violon/synthé/guitare/basse/harpe et le chanteur n’écrivait aucun texte, juste des sortes de vocalises psychédéliques, on s’appelait Phonozoo !
Un jour j’ai découvert un logiciel appelé FruityLoops et ça a sauvé ma vie. J’ai un projet appelé «The New Myself» qui consiste à refaire des instrus sur des acapellas de tubes un peu merdiques comme les Black Eyed Peas ou Kelis, mais il est assez difficile de trouver les acapellas donc ce projet n’avance pas vite. Je produis aussi de l’electro sous le nom Espion (à écouter ci-dessus), mais pas de scène, je ne saurais pas rendre le spectacle intéressant, appuyer sur «play» c’est un peu léger.Ah oui j’allais oublier, il y a 4 ou 5 ans j’étais dans un groupe de rap appelé la Mafia Normale, on faisait du gangsta-rap indé. Trop de gens prenaient nos textes au premier degré alors j’ai arrêté. Mais quand j’y repense, on s’est quand même produit sur scène entre Yuksek, Detect ou Uffie et je portais une cagoule et un gros bling-bling YO. Hahaha quelle bonne blague ! Et je joue aussi trois notes de contrebasse dans les Folk’s Fireworks, on se produit en moyenne une fois par an depuis trois ans.
Bref, tu vois, plein de choses amusantes, mais rien de très sérieux !
WAS : Des collaborations avec Chapelier fou, les soirées Puissances, les All Naked, … Comment les as-tu rencontré ?
G. W. : Avec Louis (aka Chapelier Fou), on était dans la même classe au collège et au conservatoire. Quand il a commencé à sortir ses premiers disques, on était colocataires, il s’est vraiment pas foulé pour chercher quelqu’un pour lui faire ses pochettes !
En ce qui concerne les soirées Puissance, ça dépend des labels qui sont invités à faire la programmation, j’ai quelques contacts avec Personne Records, et aussi avec All Naked Records, qui sont un peu mes petits frères. De toute façon, Metz n’est pas une grande ville, dans les milieux de la musique ou des arts, tout le monde se connait plus ou moins...
WAS : Quelles sont tes influences artistiques ?
G. W. : En vrac : Norman McLaren, Reid Miles, John Baldessari, Ford Prefect, Marcos Valle, Michel Gondry, Nicholas Krushenick, Yuichi Yokoyama, Misha Hollenbach, Louis T. Hardin, Richard D. James, Paul Rand, Saul Bass, Spike Jonze, Jim Woodring et Otis Jackson Jr. En fait la plupart ne sont pas réellement des influences mais juste des gens que j’admire énormément.
WAS : Ton meilleur souvenir artistique ?
G. W. : En 1999, je suis allé au Zentrum für Kunst und Medien à Karlsruhe, et dans leur médiathèque, j’ai visionné un court-métrage d’animation qui s’appelait «La neige» de Tabata Kouichi. Aucune trace sur internet... En y retournant en 2005 j’ai tenté de retrouver le film, en vain. En fait je ne suis même pas sûr du nom du film ni de l’artiste. C’est peut-être le fait de me dire que je ne pourrais probablement jamais revoir ce merveilleux court-métrage qui lui donne ce statut de meilleur souvenir artistique.
Pour info ça parlait de la neige.
C’était en noir et blanc et ça clignotait beaucoup, ça avait probablement été réalisé sur un minitel ou un truc du genre.
WAS : Des projets pour l’avenir ?
G. W. : Je participe à la Nuit Blanche de la ville de Mayenne, j’y expose une pièce, en octobre. J’ai un projet de livre d’images chez NM-Editions. Sinon il y a bientôt le premier EP de Birds Escape et le troisième de Chapelier Fou, dont j’ai réalisé les pochettes. Ah et j’ai aussi fait un remix pour Telemaque, ça sort chez Kito Kat en juin. Et un nouveau groupe qui s’appelle Marie Madeleine, avec Jarco Weiss et Herr2003, mais c’est encore un peu secret. Et la communication de Nuit Blanche-Metz 4, pour laquelle je bosse le visuel en ce moment-même.
WAS : Et pour finir, le mot de la fin ?
G. W. : Quarante-deux.
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